D’une certaine manière, la numérisation 3D a plus d’un siècle

En France, du milieu à la fin des années 1800, on pouvait entrer dans l’atelier de François Willème, s’asseoir pour une séance photo composée de 24 appareils photo disposés en cercle autour du sujet et, en quelques jours, obtenir un photosculpture. Une photosculpture était essentiellement une sculpture représentant, avec une grande exactitude, le sujet photographié. Le plus important était qu’il était à la fois beaucoup plus rapide et beaucoup moins cher que la sculpture traditionnelle, et le processus était remarquablement similaire en principe au scan 3D. Pas mal depuis plus d’un siècle.

Cet article se penche sur la méthode de François pour utiliser la technologie et les matériaux de l’époque pour créer des reproductions 3D de sujets photographiés. L’article établit un lien entre la photosculpture et l’impression 3D, mais nous pensons que les points communs avec la numérisation 3D sont beaucoup plus clairs.

Travail de photosculpture inachevé en cours.

Voici comment cela fonctionnait : François prenait plusieurs photos du sujet, chacune sous un angle différent (mais régulier). Par exemple, un sujet pourrait poser au centre d’une grande pièce et être photographié par un cercle d’appareils photo environnants, chacun montrant le sujet sous un angle différent.

Puis, une à la fois, les photos étaient tracées au pantographe. A ce stade, seuls les profil du sujet était intéressant. Chaque profil a ensuite été découpé dans de fines tranches de bois, et ces tranches de bois ont ensuite été assemblées en un motif radial correspondant aux positions à partir desquelles les photos originales ont été prises. Cela semble probablement un peu déroutant, mais l’image montrée ici devrait clarifier ce qui se passait.

Une fois la maquette en bois terminée, des méthodes plus traditionnelles ont pris le relais. L’argile et d’autres matériaux ont permis de combler les lacunes, et des détails ont été ajoutés à la main si nécessaire, toujours avec un pantographe, en utilisant des photos comme référence. Mais le gros du travail pouvait être fait par des personnes de compétence modeste, et le processus ne prenait que quelques jours.

Le concept central – qu’une figure 3D peut être représentée de manière adéquate par une série de représentations 2D structurées – est remarquablement similaire en principe au balayage 3D à ligne laser (et partage l’inconvénient que tous les détails ne peuvent pas être capturés en empilant les profils.) un scan 3D d’une des photosculptures d’autoportrait de François Willème est disponible en ligne.

Si vous pensez qu’il est intéressant de trouver les racines de la numérisation 3D dans la technologie des années 1800, accrochez-vous, car nous avons expliqué comment les années 1800 avaient en fait tout ce dont on aurait besoin pour créer un laser.

[images: The Patrick Montgomery Collection]

François Zipponi
Je suis François Zipponi, éditorialiste pour le site 10-raisons.fr. J'ai commencé ma carrière de journaliste en 2004, et j'ai travaillé pour plusieurs médias français, dont le Monde et Libération. En 2016, j'ai rejoint 10-raisons.fr, un site innovant proposant des articles sous la forme « 10 raisons de... ». En tant qu'éditorialiste, je me suis engagé à fournir un contenu original et pertinent, abordant des sujets variés tels que la politique, l'économie, les sciences, l'histoire, etc. Je m'efforce de toujours traiter les sujets de façon objective et impartiale. Mes articles sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux et j'interviens dans des conférences et des tables rondes autour des thèmes abordés sur 10-raisons.fr.