La NASA est désormais chargée de développer une norme d'heure lunaire, relativité ou non

Il y a peu, nous parlions de la notion de fuseaux horaires et de la Lune. C'est une question complexe, car sur Terre, le temps dépend du Soleil et de notre relation locale avec lui. La Lune et le Soleil ont leurs propres phénomènes étranges, donc le temps passé là-bas ne correspond pas vraiment à notre conception terrestre.

Néanmoins, alors que l’humanité envisage sérieusement de refaire les choses sur la Lune, le problème doit être résolu. À cette fin, la NASA a désormais été officiellement chargée de définir l’heure de la Lune – quelques semaines seulement après notre dernière discussion ! (Le président lit-il Hackaday ?) Le seul problème est que la physique va rendre les choses encore plus compliquées !

Relativement parlant

Vous savez que c'est sérieux quand la Maison Blanche vous envoie un mémo. « Dites à la NASA d'inventer l'heure lunaire et de lâcher leurs fesses ! »

Le problème réside entièrement dans la relativité générale et restreinte. La Lune est en mouvement par rapport à la Terre et a également une attraction gravitationnelle plus faible. Nous n'aborderons pas la physique ici, mais cela signifie essentiellement que le temps avance littéralement à un rythme différent là-haut. Le temps passé sur la Lune s'écoule en moyenne 58,7 microsecondes plus rapidement au cours d'une journée terrestre de 24 heures. Ce n’est pas constant non plus : il existe un certain degré de variation périodique.

C'est une infime différence, mais elle se cumule au fil du temps. De plus, dans l’état actuel des choses, de nombreuses applications spatiales et de navigation nécessitent un timing précis pour fonctionner, ce n’est donc pas quelque chose que la NASA peut ignorer. Même si l'agence voulait simplement utiliser UTC et le qualifier de bon, le problème de relativité empêcherait cela d'être une solution réalisable.

Sans une base de temps fiable et stable, les agences spatiales comme la NASA auraient du mal à établir une infrastructure utile sur la Lune. Des choses comme la navigation par satellite lunaire ne fonctionneraient pas avec précision sans tenir compte du décalage temporel, par exemple. Le GPS est très sensible aux effets temporels relativistes et en dépend pour fonctionner. Sa reproduction sur la Lune n’est possible que si ces facteurs sont pris en compte. À plus long terme, des choses comme le commerce lunaire ou les communications sécurisées seraient difficiles à gérer de manière fiable sans des bases de temps stables pour les équipements impliqués.

Des banques d’horloges atomiques, comme celles de l’Observatoire naval américain, sont utilisées pour établir des normes de temps de haute qualité. Un équipement similaire devra peut-être être placé sur la Lune pour établir le temps lunaire coordonné (LTC). Crédit : domaine public

Pourtant, l’ordre de trouver une solution vient d’en haut. Une note du bureau exécutif du président a chargé la NASA de fournir une solution standard pour le timing lunaire d'ici le 31 décembre 2026. Le temps lunaire coordonné (LTC) doit être établi et d'une manière traçable au temps universel coordonné (UTC). ). Cela permettra aux opérateurs sur Terre de synchroniser leurs opérations avec des équipages ou des systèmes sans pilote sur la Lune elle-même. Le LTC doit être suffisamment précis à des fins scientifiques et de navigation, et il doit être résistant à toute perte de contact avec les systèmes sur Terre.

Il est également souhaité que la future norme LTC soit extensible et évolutive aux environnements spatiaux que nous pourrions explorer à l'avenir au-delà du système Terre-Lune lui-même. Avec le temps, la NASA pourrait juger nécessaire d'établir des normes de temps pour d'autres corps célestes, en raison de leurs propres différences uniques en termes de vitesse relative et de champ gravitationnel.

La date limite signifie que la NASA a le temps d'élaborer un plan pour résoudre le problème. Toutefois, pour une agence fédérale, moins de deux ans n’est pas vraiment une période longue. Il est probable que tout ce que la NASA proposera impliquera une sorte d’équipement de chronométrage déployé sur la Lune elle-même. Cet équipement serait ainsi soumis au décalage temporel par rapport à la Terre, ce qui faciliterait le suivi des différences de temps entre les réalités temporelles lunaire et terrestre.

L'Observatoire naval américain ne se contente pas de suivre attentivement l'heure, il l'affiche sur un grand écran LED pour les personnes se trouvant dans la zone. La NASA n’a probablement pas besoin d’établir un grand panneau d’affichage sur la Lune, mais ce serait cool si elle le faisait. Crédit : Votpuske, CC BY 4.0

De grands esprits travaillent déjà sur le problème, comme Kevin Coggins, responsable des communications et de la navigation spatiales à la NASA. « Pensez aux horloges atomiques de l'Observatoire naval américain : elles sont le cœur de la nation, synchronisant tout », a-t-il déclaré dans une interview. « Vous allez vouloir un battement de cœur sur la lune. »

Pour l’instant, la création du CLT reste un projet de l’agence spatiale américaine. Il travaillera sur le projet en partenariat avec les ministères du Commerce, de la Défense, de l'État et des Transports. On craint pour les fonctionnaires chargés de coordonner les réunions entre tous ces ministères.

L'établissement de nouvelles normes de temps n'est pas bon marché. Cela nécessite des esprits intelligents, beaucoup de recherche et développement et un équipement sérieux. Les horloges atomiques spatiales ne sont pas non plus bon marché. Quoi qu’il en soit, le gouvernement américain espère que la NASA ouvrira la voie à tous les pays spatiaux à cet égard, en établissant une norme d’heure lunaire qui pourra bien servir les opérations futures.

François Zipponi
Je suis François Zipponi, éditorialiste pour le site 10-raisons.fr. J'ai commencé ma carrière de journaliste en 2004, et j'ai travaillé pour plusieurs médias français, dont le Monde et Libération. En 2016, j'ai rejoint 10-raisons.fr, un site innovant proposant des articles sous la forme « 10 raisons de... ». En tant qu'éditorialiste, je me suis engagé à fournir un contenu original et pertinent, abordant des sujets variés tels que la politique, l'économie, les sciences, l'histoire, etc. Je m'efforce de toujours traiter les sujets de façon objective et impartiale. Mes articles sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux et j'interviens dans des conférences et des tables rondes autour des thèmes abordés sur 10-raisons.fr.