Fin d’une époque : vulgarisation scientifique Shutters Magazine

Trois ans seulement après que le magazine emblématique ait abandonné sa version imprimée et soit passé au tout numérique, Science populaire arrête désormais complètement son service d’abonnement. La marque elle-même perdurera – leur site continuera à diffuser des histoires techniques et des articles d’actualité, et ils proposent deux podcasts qui continueront à recevoir de nouveaux épisodes – mais plus de versions trimestrielles. Bien qu’on ne puisse pas trop se plaindre d’une parution de 151 ans, il est toujours triste de voir ce qui était autrefois une publication si influente devenir lentement un autre rouage du moulin à contenu.

Lancé comme magazine mensuel dès 1872, Science populaire offrait une vision pleine d’espoir de ce qui se profilait à l’horizon. Il ne présentait pas une version fantaisiste de ce à quoi ressembleraient les 100 prochaines années, mais essayait plutôt de lire les feuilles de thé de la technologie de pointe pour offrir un aperçu de ce que la prochaine décennie pourrait nous réserver. Parcourez quelques numéros des années 1950 et 1960 et vous ne verrez pas d’histoires pulpeuses sur l’humanité conquérant les étoiles ou construisant une machine à voyager dans le temps. Au lieu de cela, les éditeurs ont préparé les lecteurs à un jour où ils conduiraient des voitures équipées de turbocompresseurs dérivés de Warbird et profiteraient d’outils plus puissants une fois que la technologie des transistors aurait permis une utilisation généralisée de petits moteurs sans balais. Il ne s’agissait pas seulement d’ingénierie de fauteuil, les numéros incluaient souvent des articles rédigés par des ingénieurs et des chercheurs en première ligne.

Mais Science populaire ne concernait pas seulement l’avenir, il offrait également de nombreux contenus contemporains à ceux qui aimaient jouer avec la technologie à la maison. Vous pouvez trouver des articles sur la construction de votre propre équipement de test ou sur la création de votre propre atelier. Du travail du bois aux compteurs Geiger faits maison, il y en avait pour tous les goûts.

Cette focalisation sur l’amateur n’était pas sans inconvénients. Au cours des dix ou vingt dernières années, le magazine semblait avoir publié plus de publicités tentant de vendre au lecteur les derniers gadgets farfelus que d’articles. Là encore, rares sont les publications imprimées qui n’ont pas subi ce sort particulier.

Un peu comme quand FAIRE a connu des difficultés en 2019, nous devons admettre qu’il y a un peu d’ironie à l’œuvre ici. La réalité est que des sites comme celui que vous lisez actuellement sont la raison pour laquelle les magazines technologiques sont devenus une race en voie de disparition. Mais même si l’ère de l’imprimé touche à sa fin, nous avons toujours un grand respect pour les publications phares qui ont précédé l’arrivée d’Internet dans nos vies.

De nombreux membres de cette communauté ont sûrement été inspirés pour acheter leur premier fer à souder par quelque chose qu’ils ont vu dans un magazine comme Science populaire, Octet, Électronique populaireou Électronique pratique. Nous ne pouvons qu’espérer rendre justice à leur héritage pour la prochaine génération.

François Zipponi
Je suis François Zipponi, éditorialiste pour le site 10-raisons.fr. J'ai commencé ma carrière de journaliste en 2004, et j'ai travaillé pour plusieurs médias français, dont le Monde et Libération. En 2016, j'ai rejoint 10-raisons.fr, un site innovant proposant des articles sous la forme « 10 raisons de... ». En tant qu'éditorialiste, je me suis engagé à fournir un contenu original et pertinent, abordant des sujets variés tels que la politique, l'économie, les sciences, l'histoire, etc. Je m'efforce de toujours traiter les sujets de façon objective et impartiale. Mes articles sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux et j'interviens dans des conférences et des tables rondes autour des thèmes abordés sur 10-raisons.fr.