Implants auditifs du tronc cérébral : l’autre appareil auditif bionique

Vous avez peut-être entendu parler de l’implant cochléaire. Il s’agit d’un appareil électronique également appelé neuroprothèse, servant de substitut bionique à l’oreille humaine. Ces implants ont amélioré l’ouïe de centaines de milliers de personnes dans le monde.

Cependant, l’implant cochléaire n’est pas le seul jeu en ville. L’implant auditif du tronc cérébral est un autre dispositif qui promet d’apporter une sensation sonore à ceux qui n’en ont pas, bien que par une voie différente.

Implants sensoriels

Les implants cochléaires ont montré les meilleurs résultats lorsqu’ils sont fournis aux patients plus tôt que tard. Il est probable que les ABI seraient soumis à un effet similaire, bien que les utilisateurs de tous âges citent souvent les avantages mesurables de ces implants. Crédit : Matt Ralph. CC-BY-2.0

Alors que l’implant cochléaire lui-même est un dispositif très compliqué, le concept de base sous-jacent est simple. La mécanique habituelle de l’oreille, qui reçoit les vibrations de l’air et les transforme en signaux nerveux, est entièrement contournée. Au lieu de cela, un petit appareil électronique capte le son avec un microphone. Le son est ensuite traité, avec une priorité sur la maximisation de la perception de la parole audible. Ce son traité est utilisé pour piloter un réseau d’électrodes implantées dans la cochlée elle-même. Ces électrodes stimulent les nerfs auditifs de la cochlée, permettant au porteur de percevoir le son.

L’implant auditif du tronc cérébral (ABI) est à bien des égards similaire à l’implant cochléaire. La théorie de base est en effet la même : l’audio est capturé électroniquement, puis utilisé pour stimuler les nerfs afin de fournir un sens auditif au cerveau. Là où l’ABI diffère, c’est qu’il saute entièrement la cochlée à l’intérieur de l’oreille. Au lieu de cela, l’ABI stimule des électrodes placées dans le noyau cochléaire du tronc cérébral lui-même.

L’ABI a donc l’avantage de pouvoir fournir un sens auditif aux patients qui, pour une raison quelconque, ne peuvent pas avoir d’implant cochléaire adapté aux nerfs auditifs de l’oreille interne. Les patients atteints d’une maladie appelée neurofibromatose de type 2 (NF2) constituaient initialement le groupe principal pour l’utilisation de l’ABI. La NF2 est une affection qui affecte le système nerveux et son traitement associé provoque souvent des dommages au nerf auditif. Ainsi, pour les patients atteints de cette maladie, un ABI convient là où un implant cochléaire traditionnel ne serait pas pratique. Dans les cas où les nerfs auditifs de la cochlée peuvent être endommagés ou détruits, un ABI peut être applicable.

L’implant auditif du tronc cérébral (ABI) dirige les impulsions vers des électrodes montées dans le tronc cérébral, au lieu de l’oreille interne. Crédit : Écoutez, écoutez !, CC-BY-SA-4.0

Cependant, l’ABI présente l’inconvénient de nécessiter une implantation beaucoup plus complexe qu’un implant cochléaire. La chirurgie consiste à ouvrir le crâne pour accéder au tronc cérébral, ce qui est beaucoup plus invasif que la procédure plus simple requise pour implanter un dispositif cochléaire dans l’oreille interne.

Les résultats pour les patients ne sont généralement pas aussi bons que pour les patients porteurs d’implants cochléaires en ce qui concerne la compréhension de la parole non plus. Avec une combinaison de l’utilisation de l’ABI avec des techniques de lecture labiale, de nombreux patients apprennent à comprendre la parole, mais peu peuvent comprendre la parole en s’appuyant uniquement sur l’ABI.

Cela dépend en grande partie du placement des électrodes. La cochlée elle-même a une carte assez simple de zones qui correspondent à des tonalités aiguës et graves, qui peuvent être stimulées à leur tour directement par un implant. Cependant, lors de l’insertion d’électrodes dans le tronc cérébral, il est plus difficile de cartographier et de stimuler ces régions avec autant de précision, et donc un ABI aura du mal à fournir autant d’informations tonales au cerveau qu’un implant cochléaire.

L’ABI utilise généralement une électrode en forme de palette, contrairement à l’électrode de type linéaire utilisée avec un implant cochléaire traditionnel. Crédit : Écoutez, écoutez !, CC-BY-SA-4.0

Les performances inférieures, la méthode d’implantation plus invasive et l’application obscure de l’ABI ont signifié que les implants cochléaires sont beaucoup plus couramment utilisés dans la pratique. Plus de 700 000 implants cochléaires ont été posés dans le monde. Cependant, seuls quelques milliers de dispositifs ABI au maximum ont été implantés.

Bien que les résultats d’un ABI puissent ne pas être à la hauteur des normes d’un implant cochléaire, ces dispositifs bioniques ont toujours de la valeur. Pour les patients qui ne peuvent pas du tout utiliser un implant cochléaire, un ABI fournit toujours un sens auditif de base qui peut être utile, en particulier en ce qui concerne les sons environnementaux. Dans l’ensemble, il s’agit d’une application intéressante de la même technologie que l’implant cochléaire, mais adaptée à un cas d’utilisation spécifique unique.

François Zipponi
Je suis François Zipponi, éditorialiste pour le site 10-raisons.fr. J'ai commencé ma carrière de journaliste en 2004, et j'ai travaillé pour plusieurs médias français, dont le Monde et Libération. En 2016, j'ai rejoint 10-raisons.fr, un site innovant proposant des articles sous la forme « 10 raisons de... ». En tant qu'éditorialiste, je me suis engagé à fournir un contenu original et pertinent, abordant des sujets variés tels que la politique, l'économie, les sciences, l'histoire, etc. Je m'efforce de toujours traiter les sujets de façon objective et impartiale. Mes articles sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux et j'interviens dans des conférences et des tables rondes autour des thèmes abordés sur 10-raisons.fr.