Le besoin de vitesse d’Elon Musk met Twitter en péril

Salut tout le monde. La vie c’est bien parce que les Phillies sont dans les World Series ! (Divulgation : je viens de Philadelphie.) Uh-oh, ils n’ont tout simplement pas été touchés. Boooooo !

La vue ordinaire

En mai 1998, j’ai rendu visite à Steve Jobs au siège d’Apple pour entendre ses plans de relance d’Apple. Il en avait été le PDG par intérim pendant près d’un an, après être revenu dans l’entreprise qui l’avait licencié plus d’une décennie plus tôt. Me saluant dans la salle de conférence de sa suite à One Infinite Loop, il est allé au tableau blanc et a commencé à griffonner sa solution aux problèmes commerciaux de l’entreprise. Il avait un nouveau plan de produit, un nouveau produit et une main-d’œuvre revitalisée par une campagne publicitaire inspirante.

À l’époque, Jobs développait des ordinateurs personnels depuis 20 ans, toute sa vie d’adulte. Il connaissait intimement l’entreprise qu’il dirigeait soudainement puisqu’il l’avait fondée et dirigeait l’équipe qui a créé son produit phare. Au cours de ses années loin d’Apple, il avait fondé une autre société informatique avec une approche avant-gardiste d’Internet et des systèmes d’exploitation de nouvelle génération. De plus, il était Steve Jobs. Si quelqu’un pouvait redresser rapidement le géant de l’informatique en quasi-faillite, ce serait bien lui. Pourtant, il lui a fallu des mois pour élaborer son plan et des années pour le mener à bien. Alors que l’iMac coloré qu’il m’a dévoilé ce jour-là en mai aiderait à ramener les résultats d’Apple dans le noir, ce n’est qu’à l’entrée de l’entreprise dans les appareils non PC, comme l’iPod en 2001 et l’iPhone en 2007, qu’il est devenu une machine à profits. Et l’avenir post-PC d’Apple n’était même pas sur la feuille de route de Jobs en 1998.

Quand Elon Musk a repris Twitter la semaine dernière, il était dans une situation quelque peu similaire à Jobs en 1998. Twitter a perdu de l’argent et s’est retrouvé bloqué en tant que réseau social de deuxième niveau en termes d’audience. Mais ce qui avait initialement motivé Musk, selon ses propres tweets et déclarations, c’était qu’il considérait Twitter comme l’hôtel de ville du monde. Il allait permettre une plus grande liberté d’expression sur la plate-forme, et vite. Ajoutant à l’urgence, Musk a financé une partie de sa prise de contrôle avec des prêts bancaires et devait maintenant rembourser la dette. Musk a immédiatement commencé à prendre des mesures pour changer la fortune de Twitter, littéralement et culturellement.

Si l’orgueil avait un temple de la renommée, Musk serait un shoo-in au premier tour. Il pense que son Musk-itude lui permettra de faire ce que les générations d’anciens dirigeants de Twitter n’ont même pas pu commencer à accomplir, effaçant le précédent historique comme un moucheron ennuyeux. Twitter a commencé en 2006 mais n’a décollé que près d’un an plus tard, lorsqu’il est devenu un succès lors de la conférence South by Southwest. Dès lors, il connut une croissance fulgurante. Une note de service de 2009 citait le PDG de l’époque, Evan Williams, déclarant lors d’une réunion stratégique : « Si nous avions un milliard d’utilisateurs, ce serait le pouls de la planète ». À l’époque, un milliard d’utilisateurs de Twitter semblait plausible, voire inévitable. Et Williams pensait qu’avec cette base, il serait facile de concocter un plan d’affaires qui rendrait l’entreprise extrêmement rentable. Mais Twitter n’a jamais eu même la moitié de ce milliard d’utilisateurs, et même s’il semblait proposer un bon modèle commercial basé sur la publicité, il n’a réalisé que deux ans de bénéfices en près de 20 ans sur terre. Chaque personne qui a dirigé Twitter a essayé de stimuler la croissance des utilisateurs et de solidifier les bénéfices. Evan Williams a essayé. Dick Costolo a essayé. Jack Dorsey a essayé, deux fois. À maintes reprises, des personnes intelligentes qui connaissaient le fonctionnement de la plate-forme de l’intérieur ont essayé et échoué à faire passer Twitter d’une importante plate-forme vocale à une puissance technologique géante. Musk, un superutilisateur de Twitter qui apprend seulement maintenant comment Twitter fonctionne en tant qu’entreprise, s’efforce de le faire – ou du moins de comprendre comment le faire – avant de mettre en place son arbre de Noël.

Musk n’a pas besoin de regarder plus loin que ses propres entreprises réussies pour réaliser l’absurdité de sa hâte. Lorsqu’il a repris Tesla en 2008, l’entreprise avait déjà cinq ans. Musk a proposé un plan brillant pour redresser l’entreprise, mais elle n’a enregistré de bénéfice annuel qu’en 2020, 17 ans après sa constitution. Musk mérite à juste titre beaucoup de crédit pour ce que Tesla a accompli et, entre autres, pour sa persévérance. SpaceX, l’autre société de Musk, est privée et ne déclare pas ses revenus. Mais la fabrication de fusées est le test ultime de la patience – il faut même des années pour réussir son lancement, et couper les coins ronds pour aller plus vite peut finir par tuer des gens.

François Zipponi
Je suis François Zipponi, éditorialiste pour le site 10-raisons.fr. J'ai commencé ma carrière de journaliste en 2004, et j'ai travaillé pour plusieurs médias français, dont le Monde et Libération. En 2016, j'ai rejoint 10-raisons.fr, un site innovant proposant des articles sous la forme « 10 raisons de... ». En tant qu'éditorialiste, je me suis engagé à fournir un contenu original et pertinent, abordant des sujets variés tels que la politique, l'économie, les sciences, l'histoire, etc. Je m'efforce de toujours traiter les sujets de façon objective et impartiale. Mes articles sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux et j'interviens dans des conférences et des tables rondes autour des thèmes abordés sur 10-raisons.fr.