Les voiles géantes aident réellement les cargos à économiser du carburant, et la planète à son tour

Le transport maritime n’est pas une activité propre. L’économie mondiale est alimentée par le commerce, et une grande partie de ce commerce consiste à transporter des produits d’un point A à un point B. Une grande partie de ces produits est acheminée par voie maritime. Le transport consomme beaucoup de carburant et génère de grandes émissions de gaz à effet de serre. C’est mauvais pour l’environnement et coûteux pour les compagnies maritimes.

Tout gain d’efficacité peut constituer un avantage à cet égard, et en plus, bénéfique pour la planète. Aujourd’hui, il semble que les bonnes vieilles voiles pourraient bien être l’outil dont les entreprises ont besoin pour nettoyer leurs flottes. Et ce n’est pas une théorie : des chiffres réels le confirment !

Où le vent vous emmène

Le transport maritime est considéré comme un contributeur important aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, représentant environ 3 % du total. Les compagnies maritimes, à leur tour, sont soumises à une pression croissante pour innover et s’adapter, à la fois pour le bien de la planète et pour leurs propres coffres. Le fait que les économies de carburant et la réduction des émissions vont de pair est peut-être une petite bénédiction, et les entreprises recherchent désespérément toute technologie capable d'atteindre ces objectifs.

Entrez dans les WindWings, un concept révolutionnaire de « propulsion assistée par le vent » développé par BAR Technologies. En partenariat avec la société de fret maritime Cargill, ces voiles radicales ont été installées à bord du Pyxis Ocean, un vraquier Kamsarmax affrété par Mitsubishi. Ce ne sont plus les constructions en toile et en corde d'autrefois. Au lieu de cela, il s'agit d'un ensemble de voiles métalliques imposantes mesurant 123 pieds de haut, conçues pour exploiter la puissance du vent et propulser l'énorme vraquier à travers les océans.

L'ingéniosité des WindWings réside dans leur adaptabilité. Contrairement à certains modèles de voiles anciens, ils peuvent pivoter. Cela permet au navire de tirer le meilleur parti du vent sans compromettre indûment sa route prévue. Les voiles disposent de capteurs intégrés qui leur permettent d'ajuster leur poussée ou leur traînée en temps réel. Les voiles réduisent considérablement la dépendance aux combustibles fossiles. Les moteurs à gaz du navire peuvent être réduits lorsqu'une poussée du vent est disponible, ce qui permet d'économiser du carburant précieux et de réduire les émissions. Les voiles s'ajustent automatiquement aux conditions dominantes et peuvent être levées et abaissées par l'équipage selon les besoins.

Les voiles s'élèvent bien au-dessus du pont lorsqu'elles sont utilisées. Ils peuvent pivoter selon les besoins pour tirer le meilleur parti des vents dominants. Crédit : communiqué de presse BusinessWire

L’impact de cette technologie n’est pas seulement théorique. Le voyage de l'océan Pyxis à travers les océans Indien, Pacifique et Atlantique d'août 2023 à février 2024 a donné des résultats remarquables. Dans des conditions de vent optimales lors d'un voyage en mer, les économies ont atteint 11 tonnes de carburant par jour, offrant un aperçu des avantages environnementaux potentiels d'une adoption généralisée de cette technologie. Dans l'ensemble, on estime que les voiles pourraient économiser environ 3 tonnes de carburant par jour sur une année d'exploitation. Pour un navire comme le Pyxis Ocean, cela représente une économie d'environ 14 %. Quant aux émissions, les voiles réduisent de 11,2 tonnes par jour d'émissions équivalentes de CO2 au sillage. Cela équivaut à environ 2 650 tonnes de CO2 par an, ce qui équivaut au retrait de 480 voitures de la route.

Avec les WindWings équipés, le Pyxis Ocean est le Kamsarmax le plus efficace de la flotte de Cargill. Encouragé par les performances du Pyxis Ocean, le conglomérat explore des options pour moderniser sa vaste flotte avec des WindWings, signalant un changement significatif vers des pratiques de transport maritime durables. On s'attend à ce que d'autres navires Kamsarmax puissent avoir trois ailes, au lieu de deux, pour des économies de carburant encore plus importantes.

Les ailes mesurent 37,5 mètres de haut. Crédit : capture d'écran YouTube

Cette démarche impliquerait non seulement l’adoption de la nouvelle technologie, mais également la préparation des ports mondiaux à accueillir ces voiliers modernes. Chaque port a son propre aménagement et ses propres équipements qui doivent pouvoir fonctionner avec des navires équipés de WindWings sans interférer ni causer de dommages. La société indique qu'elle a collaboré avec plus de 250 ports pour tenter de déterminer comment les navires équipés de ces appareils peuvent accoster et charger en toute sécurité.

Il y a cinquante ans, on aurait pu penser que l’ère de la voile était bel et bien révolue. Comme toujours, la technologie peut nous surprendre, et parfois les vieilles idées redeviennent toutes neuves.

François Zipponi
Je suis François Zipponi, éditorialiste pour le site 10-raisons.fr. J'ai commencé ma carrière de journaliste en 2004, et j'ai travaillé pour plusieurs médias français, dont le Monde et Libération. En 2016, j'ai rejoint 10-raisons.fr, un site innovant proposant des articles sous la forme « 10 raisons de... ». En tant qu'éditorialiste, je me suis engagé à fournir un contenu original et pertinent, abordant des sujets variés tels que la politique, l'économie, les sciences, l'histoire, etc. Je m'efforce de toujours traiter les sujets de façon objective et impartiale. Mes articles sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux et j'interviens dans des conférences et des tables rondes autour des thèmes abordés sur 10-raisons.fr.