Le Roller Ship n’était pas un moyen efficace de traverser la haute mer

Les bateaux sont de toutes formes et tailles. Nous avons des porte-conteneurs, des pétroliers, d’anciens voiliers en bois, des catamarans, des trimarans et bien d’autres encore. La plupart sont conçus avec des caractéristiques qui leur confèrent un certain avantage ou une certaine utilité qui justifie leur construction pour une application donnée.

Le navire à rouleaux, en revanche, n’a pas justifié sa propre construction. Un seul exemplaire a été construit, qui s'est avéré innavigable et peu pratique. Explorons cette bizarrerie nautique et découvrons pourquoi elle n'a pas fait de vagues comme son inventeur aurait pu l'espérer.

Flotteur

Le navire à roulettes de Bazin lors de son lancement à Saint-Denis, en France, comme on le voit dans l'édition de février 1897 du Cassier's Magazine. Crédit : domaine public

L'idée de base du bateau à roulettes était de sortir une grande partie du corps du navire de l'eau. Cette partie du concept était solide. Le contact avec l'eau crée une traînée importante sur un navire, donc réduire la quantité de bateau dans l'eau lui permettrait de voyager beaucoup plus rapidement. De nombreux modèles, comme les catamarans et les hydroptères, ont réduit la traînée en réduisant la zone mouillée du bateau, et ce, de manière efficace. Le navire à rouleaux, cependant, ne s’en est pas aussi bien sorti.

Le navire à rouleaux utilisait un certain nombre de gros rouleaux de chaque côté du bateau. Chaque rouleau était en forme de disque et effilé radialement, ayant une forme vaguement semblable à une lentille. Les rouleaux étaient creux et destinés à assurer la flottaison de l'engin et la propulsion. À l’arrêt, les disques ressemblaient essentiellement à une coque mince. Cependant, les rouleaux pouvaient être entraînés comme de grandes roues sur un engin routier, ce qui permettait un certain entraînement vers l'avant. La conception du navire à rouleaux comportait également un entraînement à vis pour faciliter les efforts de propulsion.

Le navire à roulettes Ernest-Bazin, tel que représenté dans La Nature, 1897. Crédit : domaine public

Un seul navire à rouleaux a été construit et rendu opérationnel. L'inventeur français Ernest Bazin a construit un métier fonctionnel en 1896, en lui donnant son nom. Pesant plus de 200 tonnes. C'était le résultat culminant de cinq années passées à tester des modèles pour explorer le concept. L'engin comportait six grands rouleaux, trois de chaque côté. Les rouleaux étaient entraînés par paires, chaque essieu étant équipé d'un moteur de 50 chevaux. Il s'agissait d'un engin grand et imposant, long d'environ 40 mètres et large de 12 mètres, dont la coque principale se dressait à 4 mètres au-dessus du niveau de la mer.

L'espoir général était que le navire à rouleaux réduirait les temps de trajet grâce à sa conception à faible traînée. Malheureusement, une tentative de traversée de la Manche en 1897 révéla que la conception du rouleau présentait un inconvénient imprévu. Dans l'eau, les rouleaux avaient tendance à entraîner une grande quantité d'eau avec eux lorsqu'ils tournaient. Plutôt que de tourner rapidement, les rouleaux travaillaient et l'engin pouvait à peine atteindre une douzaine de milles à l'heure selon un récit contemporain. Même à la fin du XIXe siècle, cela était lent.

Une représentation du concept du navire à roulettes dans Cassier's Magazine, 1897. L'idée d'un moyen plus rapide de traverser l'océan avait suffisamment de valeur à l'époque pour susciter l'intérêt des deux côtés de l'Atlantique. Crédit : domaine public

Bazin ne s'est pas laissé décourager et a affirmé plus tard avoir résolu les problèmes de conception. Malheureusement, il décèdera peu de temps après, en 1898, laissant derrière lui les plans inachevés d'un paquebot à huit disques qui, selon lui, pourrait traverser le Havre, en France, jusqu'à New York en seulement 60 heures.

En fin de compte, le navire à rouleaux était un concept mécaniquement compliqué sans réel avantage. Mettre des rouleaux dans l'eau n'a pas rendu un bateau plus performant que la simple conception d'un bateau avec des coques fixes étroites et un système de propulsion plus traditionnel. Au-delà de cela, l’hydroptère s’avérerait un moyen bien plus utile de réduire la traînée des navires avec beaucoup moins de tracas. Des questions se posent également quant à la stabilité du navire avec un centre de gravité aussi élevé, une grande partie de son poids dépassant si haut de l'eau.

Et pourtant, comme tant d’autres créations fantaisistes, elle a conquis les cœurs et les esprits tout au long du parcours. Cela a fini par être représenté dans toutes sortes de médias, apparaissant partout, du Nature à Américain scientifique. Et on se souvient encore de son exemple aujourd’hui ! C'est la preuve à quel point nous apprécions un design bizarre, même s'il n'a aucune valeur pratique.

François Zipponi
Je suis François Zipponi, éditorialiste pour le site 10-raisons.fr. J'ai commencé ma carrière de journaliste en 2004, et j'ai travaillé pour plusieurs médias français, dont le Monde et Libération. En 2016, j'ai rejoint 10-raisons.fr, un site innovant proposant des articles sous la forme « 10 raisons de... ». En tant qu'éditorialiste, je me suis engagé à fournir un contenu original et pertinent, abordant des sujets variés tels que la politique, l'économie, les sciences, l'histoire, etc. Je m'efforce de toujours traiter les sujets de façon objective et impartiale. Mes articles sont régulièrement partagés sur les réseaux sociaux et j'interviens dans des conférences et des tables rondes autour des thèmes abordés sur 10-raisons.fr.